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[Avis] I am not Madame Bovary avec Fan Bingbing (我不是潘金蓮, Wo Bu Shi Pan Jinlian)

Après Balzac et la petite tailleuse chinoise, voici I am not Madame Bovary (我不是潘金蓮 – Wo Bu Shi Pan Jinlian )…
I am not Madame Bovary de Feng Xiaogang est l’adaptation du livre Je ne suis pas une garce de Liu Zhenyun. Fan Bingbing incarne une jeune femme trompée par son mari suite à un divorce blanc … Avis ci-dessous sur ce film qui a fait sensation dans l’Empire du milieu et en festivals.

Résumé : Li Xuelian et son mari Qin Yuhe simulent un faux divorce dans le but d’obtenir un second appartement. Quelques mois plus tard, Qin Yuhe emménage dans l’appartement avec une autre femme. Li Xuelian engage alors une action en justice pour faire reconnaître le faux divorce afin de l’épouser de nouveau et pouvoir divorcer pour de bon.

I am not Madame Bovary : une femme chinoise

I am not Madame Bovary est un film singulier.
Singulier de part sa présentation : les premières minutes ressemblant plus à un cours de civilisation chinoise ou à un documentaire qu’à une fiction.
Dès ces premières minutes, on remarque la forme très particulière, et en particulièrement le cadrage … tout comme Xavier Dolan dans Mommy,  le réalisateur choisit d’enfermer son héroïne tous comme les autres personnes dans l’image. Coquetterie ou symbolisme ?  A vous de voir.Pour ma part je n’ai pas trouvé cela désagréable, peut-être un peu vain. A dire vrai,  j’ai oublié assez rapidement ce détail formel car j’étais prise dans l’histoire. D’autre part, certains plans sont étirés et n’apportent rien, mais leur beauté picturale est indéniable. Nous avons également droit à un chapitrage comprenant quelques mots à chaque « chapitre ». Pourquoi pas. Cela permet de rythmer le récit et de relancer l’attention.

Li Xuelian, le personnage principal est également très singulier, pas spécialement sympathique, certes victime d’injustices et de pression mais également génératrice de souffrance de licenciement… femme-enfant par certains aspects et courageuse pasionaria de l’autre…

Le film a des côté satiriques et parfois surréalistes… Les répliques semblent parfois légères, et les réflexions de Li Xuelian, parfois décalées ( ainsi elle veut demander à son ami boucher, contre une nuit d’amour,  de tuer tous les fonctionnaires qu’elle  juge incompétents, et ce dernier refuse, non pas par principe, mais parce qu’il était prêt à un tuer le mari de Xuelian, mais pas plusieurs personnes !)

Le film critique de façon intelligente l’administration et la bureaucratie – cette critique est parfois explicite dans la bouche de fonctionnaires haut placés ou du fait de Li Xuelian.

La lâcheté des uns et des autres, lâcheté souvent due à la peur du chômage ou celle tout aussi importante de « perdre la face » est également démontrée de façon implacable.

L’autre intérêt du film est de nous montrer la Chine rurale. En France, nous avons accès aux films chinois citadins, se passant dans les grandes villes. Ici, on ne voit que très peu la grande ville.

Enfin,  le film nous parle d’injustice et de Justice… Au passage, je vous recommande « Le Dernier Voyage du juge Feng » qui présente des thèmes similaires. Quant au thème du divorce blanc pour obtenir un logement, c’est une pratique qui se développe en Chine. On parle de « divorce immobilier ». Le film, et le roman avant lui, n’a pas pour point de départ une fantaisie, mais un phénomène sociologique.

Si le film est très percutant au début de par sa forme particulière et par son style, et installe bien les enjeux, la seconde partie de l’histoire se relâche : elle présente un caractère répétitif et contemplatif… L’intérêt se relâche et on a envie de dire au personnage principal comme au réalisateur de jeter l’éponge… jusqu’à la révélation finale qui explique en partie l’attitude de la jeune femme. Maintenant, qu’est-ce que 2h20 de film comparé aux 10 années de combat du personnage principal ?

Une chose est certaine:  Fan Bingbing, actrice glamour adorée en Chine, se dépouille de tout artifice pour ce rôle. Elle est méconnaissable en paysanne qui écoute les paroles de sa vache, et tout simplement remarquable. Une femme simple qui arrive à terroriser tout un groupe d’homme ayant un relatif pouvoir qui ont négligé son pouvoir de nuisance…

C’est un personnage complexe, parfois agaçant, parfois franchement touchant. On compatit pour elle, mais parfois on a envie de lui dire qu’elle va trop loin… On comprend donc que Mlle Fan ait glané quelques récompenses ici et là pour cette performance. Une prestation proche de celle de Gong Li dans « Qiu Ju, une femme chinoise ».

« I am not Madame Bovary » est un film réfléchissant sur le concept d’injustice et de Justice. S’il est très chinois par certains aspects, et peut-être un peu difficile d’accès. Malgré tout la  réflexion sur la justice ainsi que sur la place des femmes dans la société en fait un film à portée universelle. C’est certainement ce côté universel de l’intrigue, ainsi que la forme originale et radicale qui a permis au film de connaitre un  certain succès en Chine comme à l’étranger.

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