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[Avis] Moi, Daniel Blake, Palme d’Or du festival de Cannes 2016

« Moi, Daniel Blake  » a obtenu la Palme d’Or lors du dernier Festival de Cannes et le César 2017 du Meilleur Film Etranger.

AVIS :  MOI, DANIEL BLAKE, le manifeste du cœur de Ken Loach

Cette récompense, cette seconde Palme, son réalisateur, Ken Loach, ne l’a pas volée ! Même si c’est embêtant de récompenser plusieurs fois un même réalisateur, force est de constater que « Moi Daniel Blake » mérite cette couronne de lauriers cinéphile.

La bourse ou la vie

Le film raconte l’histoire d’un homme, Daniel, qui, suite à une crise cardiaque, se heurte au régime britannique de protection sociale. Daniel Blake ne parvient en effet ni à percevoir une pension d’invalidité ni des indemnités chômage (et risque de se retrouver rapidement sans ressource).

Lors de ses démarches, il croise une jeune femme, Katie,  qui vit dans une grande précarité avec ses enfants. Ces deux êtres malmenés par la vie vont tenter de s’entraider…

« Moi, Daniel Blake » a beau n’être que de la fiction, le scénario signé Paul Laverty ressemble à s’y méprendre à du vécu.

Ce film émeut énormément. Confession : j’ai pleuré à chaudes larmes à deux reprises, et je suis pas la seule à être sortie avec les yeux rougis. Si le réalisateur nous fait aussi rire parfois de l’absurdité du système, ou des échanges avec le voisin roi du système D,  le film suscite l’indignation, voire la colère, devant certaines situations vécues par le héros. Nous ne sommes pas dans de la satire, mais bien dans un drame social.

Des héros qui ne sont pas des numéros

Comme d’habitude dans les films de Ken Loach, les acteurs sont tous formidables, Dave Johns (Daniel) et Hayley Squires (Katie) en tête. Leur relation est très joliment décrite, c’est une vraie respiration au milieu des problèmes sociétaux dépeints par le film.
Un lien se crée entre ces deux êtres, est-ce de la reconnaissance, de la solidarité ou une attirance, un lien père /fille de substitution ? Lorsque le cardiaque  au grand cœur Daniel découvre ce que Katie a accepté de faire pour joindre les deux bouts, il lui dit qu’elle lui brise le cœur… Réplique ambiguë, qui peut être autant paternelle qu’amoureuse.
Laverty et Loach savent rendre leurs personnages principaux attachants, montrer la grandeur des « petites gens », la générosité de ceux qui n’ont rien et donnent tout ce qu’ils ont. Et ils évitent tous les clichés. Leur héros ne sont pas de numéros, ils ont des défauts, des qualités, de la personnalité, ils ne rentrent pas dans des cases !

 

La loi du marché britannique 

« Moi, Daniel Blake » est un film engagé, anti- système ou du moins anti-système actuel. La 5e puissance économique mondiale – ou 6e depuis l’émission de l’idée du Brexit- ne peut garantir à ses habitants qu’ils ne tomberont pas dans la plus grande pauvreté.
Et tout est bon pour faire des économies, y compris décourager les gens en déshumanisant les démarches administratives : tout doit se faire en ligne ou par téléphone, surtout pas de confrontation directe ! *

Parfois, certains personnes sortent des cases et ne respectent pas ces consignes. Par exemple, le directeur d’un supermarché fera un beau geste envers Katie.

Ainsi, une gentille conseillère emploi essaie bien d’aider Daniel, lui rappelant qu’elle a vu de nombreux usagers , des  » good people » devenir des sans abris,  mais sa supérieure lui demande de s’arrêter immédiatement. Motif : il ne faudrait surtout pas perdre du temps et « créer un précédent »…  Phrase d’une justesse terrible et révélatrice d’une volonté de contrôler et rentabiliser au maximum l’être humain.

  « Moi Daniel Blake », c’est du très bon Ken Loach, engagé et sans pathos, à voir sans faute le 26/10 !

 

Moi, Daniel Blake Bande-annonce VO

 

 

MOI, DANIEL BLAKE

 Un film de  Ken Loach

Avec Dave Johns et Hayley Squires

Durée :99 min

Scénario : Paul LAVERTY

Sortie le 26 OCTOBRE 2016

DATE DE SORTIE  vidéo : 01/03/2017 (Warner)

Crédits photos (c) sixteenfilms_whynotproductions_wildbunch_Le Pacte

 

  • * Sur ce point, à savoir éviter les contacts directs et limiter les temps d’échanges avec les usagers, pour plus d’efficacité, mais aussi protéger les conseillers emploi,  nous sommes assez proches de notre voisin britannique …  Ainsi on vient de créer un « conseiller virtuel personnalisé ».

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