Menu Fermer

[Chronique Ciné – SF] Minority Report de Steven Spielberg (2002)

Après ‘Chappie‘, j’ai voulu me pencher sur ‘Minority Report’ (Steven Spielberg, 2002) pour ses innovations technologiques dont certaines sont devenues une réalité.

Mes motivations pour écrire cet article un peu particulier ? Je suis actuellement le MOOC « big data et cinéma » de Xavier Perret, ce qui m’a donné envie de revoir le film et d’écrire ce billet. Monsieur Perret est le co-auteur du livre paru aux éditions Kawa : « Tout savoir sur Big Data, le Cinéma avait déjà tout imaginé » . Enfin, c’est une adaptation d’une nouvelle de Philip K. Dick dont je vous parlais au début de ce mois !

Spoiler alert ! Des éléments importants de l’intrigue sont révélés dans cet article.

Synopsis de Minority Report de Steven Spielberg

A Washington, en 2054, la société du futur a éradiqué le meurtre en se dotant du système de prévention / détection / répression le plus sophistiqué du monde. Dissimulés au coeur du Ministère de la Justice, trois extra-lucides captent les signes précurseurs des violences homicides et en adressent les images à leur contrôleur, John Anderton, le chef de la « Précrime » devenu justicier après la disparition tragique de son fils. Celui-ci n’a alors plus qu’à lancer son escouade aux trousses du « coupable »…Mais un jour se produit l’impensable : l’ordinateur lui renvoie sa propre image. D’ici 36 heures, Anderton aura assassiné un parfait étranger. Devenu la cible de ses propres troupes, Anderton prend la fuite. Son seul espoir pour déjouer le complot : dénicher sa future victime ; sa seule arme : les visions parcellaires, énigmatiques, de la plus fragile des Pré-Cogs : Agatha.

(via Allociné)

[Chronique Science / fiction ] Minority Report de Steven Spielberg

Les innovations technologiques dans Minority Report

Elles sont nombreuses. Au sein de la division Précrime, Tom Cruise manipule des données avec des gants connectés en faisant des gestes qui font penser à la Xbox 360 et à son périphérique Kinect (interface holographique)

Tom Cruise utilise une voiture sans chauffeur (un concept car Lexus ), ressemblant étrangement aux Google Cars… Le traitement de big data est nécessaire pour rendre la voiture « autonome  » et « intelligente ». Données de navigation (GPS), multimédia (sons, photos et vidéos), téléphonie (connexion Bluetooth, wifi…), direction assistée, caméra de recul -et je n’en sais pas plus- mais vous pouvez toujours lire l’article (en anglais) sur le concept car Lexus 2054.

En parlant de big data, je vous copie une partie de mon « devoir » pour le Mooc.

Le Big Data dans Minority Report

Dans cette partie, j’ai essayé de montrer l’utilisation des big datas dans le film … j’ai choisi quelques scènes pour illustrer mes propos. Je modifierai peut-être cette partie plus tard, en fonction du retour que j’en aurais eu.

Scène 1 de Minority Report : l’enquête Précrime (les 6 premières minutes du film)

John Anderton, le chef de l’organisation gouvernementale expérimentale prend connaissance d’un crime à venir, et il se met en route avec son équipe pour appréhender le suspect, c’est-à-dire le futur criminel. Les big datas analysées par Anderton et sa machine viennent du cerveau des précogs (abréviation de précognitifs), trois humains doté de dons de préscience. Ils ont des visions qui fournissent l’heure du méfait, le nom de l’agresseur et le nom de la victime. Les autres aspects du crime (par exemple le lieu) ne peuvent être obtenus qu’en analysant les images vues par les précogs. Un ordinateur ressemblant à un kinect contient ces visions auxquelles Anderton et son équipe confrontent simultanément des données comme un permis de conduire- il y a en effet plusieurs homonymes du tueur potentiel dans Washington DC. Anderton passe en revue les détails de la rue pour trouver le quartier, puis la rue, puis la maison où aura lieu le crime. Spielberg nous montre bien les « 3 V » caractéristiques du big data : volume (les cerveaux des précogs et la machine de Précrime génèrent un nombre impressionnant de données) , vitesse (ils n’ont qu’une heure pour intervenir, et le résultat de leur recherche est quasi instantané, variété ( images, sons, données chiffrées, géolocalisation)… Les données défilent sous les yeux de Tom Cruise et du spectateur.

Scène 2 de Minority Report : les scanners rétiniens

Première séquence à 13 minutes 25.
Un rayon laser scanne l’iris du criminel potentiel, ce qui permet de l’identifier formellement. Les policiers du futur appellent en VO cette technique l’ « eye-dent ». Ce scanner lit l’ADN comme un code barre. Le lecteur utilisé par Anderton est une sorte de montre.

Deux autres scènes montrent le pouvoir de l’identification par l’iris ou la rétine.
Anderton est traqué par ses anciens collègues, il va se faire ôter les yeux et se les faire remplacer… Les sondes en forme d’araignées munies d’un scan thermal, ôtent le pansement et scanne ses nouveaux yeux. Les résultats ne sont pas lus par Google glass par les policiers, mais sur une tablette. Ouf, Anderton est sauvé pour cette fois.

Plus tard, quand il se rend dans un grand magasin pour acheter des vêtements à Agatha qu’il a kidnappé, il découvre sa nouvelle identité. Ses yeux appartenaient à un certain M.Yakamoto… client de chez Gap. Le scanner rétinien permet de retrouver non seulement l’identité du client, mais aussi ses goûts et habitudes de consommation. Lorsque son iris est scanné, une personne a donc droit à une publicité audio ou vidéo personnalisée et ciblée. Cela fait penser à un programme qui existe réellement : TARGET .
On peut donc anticiper les besoins d’un client, immédiatement. Là encore, le scan traite d’énormes de données, avec le souci de vitesse et visualisation. Le logiciel scanne l’iris de tous les clients en même temps dans un large périmètre… Les données biométriques et l’ADN sont un autre exemple de big data.
NB : il y aurait eu des prises d’empreintes rétiniennes en test à l’aéroport de JFK (et d’autres aéroports aux Etats-Unis.)

Scène 3 (et 3bis) de Minority Report : le piratage de la précog et la diffusion des données recueillies

A la demande d’Anderton, Rufus Jo Riley, un informaticien spécialisé dans la réalité virtuelle un peu crapuleux, va « hacker » Agatha (Samantha Morton), la précog la plus douée des trois (vers 1h30 de film).
Anderton accède à la vision du meurtre qu’il est censé commettre. Mais aussi il entrevoit le meurtre d’Anne Lively… Meurtre dont le rapport minoritaire ( c’est-à-dire contredisant les autres rapports des précogs) provenant d’Agatha a été supprimé. On voit les données affichées sur plusieurs écrans en même temps, que ce soient sous forme chiffrées ou en sons et images…

Plus tard, Jad, le collègue d’Anderton, va envoyer en direct le fameux rapport minoritaire récupéré dans la mémoire d’Agatha ( le meurtre d’Anne Lively commis par le chef de Précrime, Lamar Burgess) directement sur les écrans de la salle de conférence de presse où officie ce dernier. Même provenant d’un seul cerveau de précog au lieu de trois, les données sont des big datas en terme de volume, vitesse et variété.

L’analyse prédictive des données de Minority Report

L’analyse prédictive des données de Précrime a trouvé des applications concrètes de nos jours.

La fiction est devenu réalité … Aux USA, on peut parler de Blue Crush à Memphis pour la prévention des crimes, depuis, d’autres villes ont adopté ce système. La ressemblance avec Précrime est saisissante – sauf que ce ne sont pas des humains qui ont des visions qui fournissent les données.

En Allemagne, le programme Precobs permet de prédire les endroits pour le cambriolage (fiabilité : 85 %) Le nom du programme fait penser aux précogs du film, n’est-ce pas ?

A New York, on utilise l’analyse prédictive de données pour prévenir les incendies. (source : le MOOC » big data et cinéma »)

En Chine également, on veut utiliser les big datas sous forme de gaming de façon assez inquiétante.

Toujours dans l’anticipation à la « Minority report », on peut utiliser l’analyse prédictive pour des applications industrielles, marketing ou technologiques ; je cite Xavier Perret interviewé par L’usine digitale :

« Dans l’industrie et le marketing (…) On peut l’utiliser pour anticiper les pannes et optimiser la maintenance des machines, détecter les clients mécontents et leur proposer des offres avant qu’ils n’aillent chez la concurrence…Les applications potentielles sont nombreuses. »

Les dérives annoncées par Minority Report

Comme nous le rappellent les auteurs du MOOC « Big data et cinéma », « Minority Report » pose aussi la question de justesse de la prédiction et des erreurs de prévision. À partir de l’analyse des Big Data, des pays iront-ils jusqu’à arrêter des criminels potentiels avant qu’ils n’aient commis leur crime ? Quel est le risque d’erreur des prévisions ?
Ce film est aussi une réflexion sur le libre-arbitre, l’oppression et le destin. Je pense aux dilemmes de John Anderton et de son chef Lamar Burgess.

La fin de Minority Report

Quitte à « spoiler » le film, parlons de la fin… Une interprétation possible serait que la fin heureuse soit un rêve de John Anderton, arrêté et emprisonné. Ce serait une fin » kubrickienne » ou « dickienne » à souhait. Mais si l’on choisit d’être optimiste, on optera pour la vision de Steven Spielberg : Précrime est stoppé, John et sa femme se sont remis ensemble et attendent un autre enfant, et les précogs sont libres et en sécurité… Vous trouverez ci-dessous un article qui soutient la première théorie ci-dessous :

* Pour en savoir plus sur Minority Report, vous pouvez consulter la page du film sur Wikipedia et la fiche Allociné

*Pour en savoir plus sur l’écrivain à l’origine du film , le documentaire  » Les Mondes de Philip K Dick ».

Je suis convaincue que certains d’entre vous ont des précisions à apporter à mes observations.

N’hésitez donc pas à laisser un commentaire.

***

Illustrations (c) UFC / Paramount
Auparavant j’avais fait des captures d’écrans du film qui ont disparu lorsque le site a buggué.
No copyright infringement intended.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.