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[Avis] Tale of Tales de Matteo Garrone avec Salma Hayek et Vincent Cassel

Il était une fois le conte des contes, « Tale of tales », un film présenté en Compétition au Festival de Cannes 2015. Matteo Garrone après nous avoir montré sa vision de la télé-réalité avec « Reality », part dans un genre diamétralement opposé, que l’on voit rarement de nos jours au cinéma, le film merveilleux, le conte fantastique.

 

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Il suffit pour s’en convaincre de regarder l’étonnante et onirique bande annonce... Ou de lire le synopsis :
« Il était une fois trois royaumes voisins où dans de merveilleux châteaux régnaient rois et reines, princes et princesses : un roi fornicateur et libertin, un autre captivé par un étrange animal, une reine obsédée par son désir d’enfant… Sorciers et fées, monstres redoutables, ogre et vieilles lavandières, saltimbanques et courtisans sont les héros de cette libre interprétation des célèbres contes de Giambattista Basile. »

 

Il était une fois, donc, l’adaptation du conte des contes – ou, plus précisément, de trois histoires sélectionnées dans « Le Conte des Contes » de Giambattista Basile. Ce film est donc un « 3 en 1 »  avec triple effet « kiss cool » ( désolée pour la publicité !)

Comme dans les films à sketches, on se perd un peu dans le récit. On passe du coq à l’âne, de moments gore à d’autres cocasses, on rit, on est effrayés… Ces ruptures de tons pourront laisser de marbre certains spectateurs… « Mais c’est quoi ce film ?? » ai-je entendu plusieurs fois… Cartésiens,  cessez de gamberger car nous sommes en plein conte fantastique, ne cherchez pas de logiques aux agissements des personnages.

Pour ma part, j’étais subjuguée par la mise en scène et la beauté plastique de l’ensemble. La photo, les décors, les costumes sont sublimes… et j’ai eu l’impression qu’on n’avait pas trop eu recours aux effets spéciaux numériques, notamment pour le monstre marin. On est à la fois chez Tim Burton, Peter Greenaway, Guillermo Del Toro et Fellini… Attention toutefois, ce n’est pas un film grand public, et pas du tout recommandé pour les petits enfants.

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Passons à la musique signée Alexandre Desplats. C’est vraiment une très belle bande originale qui s’adapte parfaitement au récit. Un récit changeant, polyphonique.

Le spectateur est partagé entre émerveillement, peur, dégoût, l’étonnement et … l’amusement. On rit en effet du personnage de Vincent Cassel, un roi libertin qui s’extasie devant un doigt passé à travers une porte. Mais ce personnage n’est pas que ridicule, la scène où il se réveille d’une orgie et tombe amoureux d’une voix m’a fait furieusement penser au Casanova de Fellini. Un homme obsédé par le sexe mais attiré par quelque chose de plus sentimental, de plus spirituel.

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En fait, aucun des personnages n’est véritablement ce que l’on croit. »Tales of Tales » joue à fond la carte de l’illusion… Mais les héros de « Tale of Tales » ont tous un point commun : l’obsession. Le roi de Roccaforte (Cassel) est obsédé par le sexe et l’envie de posséder la jeune fille à la voix d’or. Deux vieilles filles, deux soeurs (Hayley Carmichael et Shirley Henderson, méconnaissables) sont obsédées par leur  jeunesse perdue et feront tout pour changer de peau. La princesse d’Altomonte ne pense qu’à se marier. Son père ne s’intéresse qu’à une curieuse créature… Il n’y a pas vraiment de morale à toutes ces histoires, mais l’ensemble est très moderne. La Reine de Selvascura ( Salma Hayek) veut un enfant à tout prix. Son mari (John C. Reilly) est prêt à tout pour son bonheur. Et ainsi de suite.

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Le casting est très bien trouvé, d’abord physiquement, et le jeu de chaque acteur est très juste. Dommage que John C. Reilly ait un rôle sacrifié… C’est d’ailleurs le problème de ces films à sketches : on a toujours un récit préféré parmi elles, on regrette que certains acteurs n’aient qu’une réplique,  que certaines histoires sont moins développées que d’autres … Personnellement j’ai préféré le conte avec Salma Hayek en froide reine prête à tout pour avoir un enfant, et ensuite le protéger. Un beau rôle de femme pour la hiératique Salma.
Le principal reproche que j’adresserai à M.Garrone, c’est le rythme un peu trop lent par moments. Et la toute fin que j’ai trouvé faiblarde par rapport aux développements des histoires… Bref, il s’agit plus d’un souci de structure, certainement en partie dû au fait qu’il s’agit d’une adaptation du plus ancien des contes de fées.

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Au final,  Garrone nous livre un très beau livre d’images que l’on pourra interpréter à loisir. Superbe, original, « Tale of tales » est un retour aux contes de fées originels, ambigus, sombres, violents… Ce « conte des contes » nous change du cinéma formaté. C’est un bel objet un peu étrange, visuellement superbe, un récit sur l’obsession tantôt comique tantôt horrifique, à la fois fascinant et repoussant.

 

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 TALE OF TALES
Titre original italien Il Racconto dei Racconti

Tale of Tales Bande-annonce (2) VO

Date de sortie 1 juillet 2015 (2h13min)
Réalisé par Matteo Garrone
Avec Salma Hayek, Vincent Cassel, Toby Jones plus
Genre Fantastique
crédits photos :  © le Pacte

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