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[Avis] LOST RIVER de Ryan Gosling avec Christina Hendricks, Eva Mendes, Reda Kateb…

Ryan Gosling est un acteur incontournable depuis « Drive ». A 34 ans (ou 35 ), Ryan « Beau » Gosling passe derrière la caméra pour son premier long métrage, « Lost River » présenté au dernier Festival de Cannes ; Un premier film – naufrage ou une oeuvre prometteuse ? Retrouvez mon avis ci-dessous.

SYNOPSIS :

Dans une ville qui se meurt, Billy, mère célibataire de deux enfants, est entraînée peu à peu dans les bas-fonds d’un monde sombre et macabre, pendant que Bones, son fils aîné, découvre une route secrète menant à une ville engloutie. Billy et Bones devront affronter bien des obstacles pour que leur famille s’en sorte.

Les lieux sombres

Le film a un aspect de conte de fées. Sombre. Beaucoup de sang et de mort… C’est aussi un voyage onirique, ou plutôt cauchemardesque, notamment grâce à la ville de Detroit. On a l’impression d’être entraîné dans la 5 e dimension. Detroit, ce n’est pas que la cité de « Eight miles » (le biopic du rappeur Eminem) ou le bereceau de Motown ou de la Ford T. Cette ville en déliquescence est tellement cinématographique qu’on a pu déjà l’apprécier dans « Only Lovers Left Alive » ou « It Follows ». Cette ville, rebaptisée « Lost River » par le scénario écrit par Gosling, est carrément un personnage à part entière. Lost River est donc un une ville fantôme, une fantasmagorie, un symbole du temps qui passe. Mais c’est aussi la demoiselle en détresse à sauver – c’est du moins l’interprétation de Gosling.

Un beau travail collectif

La photographie du film est juste très réussie. Juste parfois un brin énervante (les flous, le côté sanguinolent). Mais une vraie atmosphère se dégage des lieux et personnages filmés par Gosling.

En plus d’avoir du goût, Gosling s’est entouré d’une équipe qui gagne. Des personnes dont il appréciait le travail, voire la compagnie. C’est sans doute un luxe de nos jours mais le résultat est là.
Le directeur de la photographie, Benoît Debie (« Spring Breakers »), possède un grand talent, passant du clair-obscur au néon rose bonbon et autres filtres … il y a aussi des images de véhicules ou de maisons en flammes… C’est frappant et singulier.Visuellement, le film est une réussite totale.
Le compositeur Johnny Jewel (Drive) »soutient » bien les images avec sa musique, une mélodie en particulier est hypnotique. La bande-son comporte aussi un air nostalgique. Pour ceux qui l’ignorent Ryan Gosling est aussi musicien, ce qui explique peut-être ce talent dans le choix de la bande originale…

Passons aux acteurs : le casting est là encore particulièrement bien trouvé. Citons la compagne de Ryan Gosling, Eva Mendes, qu’il « trucide » à plusieurs reprises de façon symbolique. Christina Hendricks, sa collègue de « Drive », est particulièrement mise en valeur et émouvante dans ce rôle de Mère Courage …
Ben Mendelssohn est une sorte d’Ogre des temps modernes, ou de Barbe Bleue, qui se met à chanter d’une façon étrange sur scène (clin d’oeil à Blue Velvet de Lynch) , à la fois ridicule et glaçante. Il y a l’acteur qui joue le héros, Bones, qui ressemble au petit frère de Ryan Gosling… Ce beau gosse nous vient d’Écosse et s’appelle Iain De Caestecker. D’un point de vue allégorique et mythique, son personnage tient un peu de « Jack et le haricot magique », mélangé avec le prince charmant et le Hobbit (pour la quête du cuivre).
Bones est menacé par le brutal et fou de pouvoir, le bien nommé Bully (Matt Smith). Lui, ce serait le dragon du conte de fées qui brûle ou découpe tout ce qui se trouve sur son passage afin de préserver son trésor (Smaug ?)
Et la jolie Saoirse Ronan ( Lovely Bones, Les Ames Vagabondes) se nomme Rat. Dans le film elle a pour animal de compagnie un rongeur d’où ce curieux nom pour une demoiselle en détresse ; La scène où Bully caresse le rat de Rat en lui demandant si d’autres garçons ont fait ce geste avant est sujette à diverses interprétations et était peut-être dispensable (l’animal aura bobo.)
Et puis il y a Barbara Steele, actrice spécialisée dans les films d’épouvante… On sent la nostalgie chez Gosling pour un monde de cinéma qui n’existe plus. Enfin parlons du Frenchie Reda Kateb, lui, c’est carrément le rôle du Driver de Drive qu’il reprend, sorte de chevalier servant taiseux . Cependant la comparaison s’arrête là : ce « taxi driver » est sympathique et a un rôle beaucoup plus positif que celui de Ryan Gosling dans « Drive ». C’est un petit rôle, peu de présence à l’écran et peu de dialogues, mais c’est un rôle relativement important pour l’histoire.

Mais, il y a un mais … Et même plusieurs. A l’instar de nombreux premiers films, il y a un trop plein. Trop plein d’images. Trop plein de références (écrasantes.) Malick. Lynch. Refn (avec qui il a tourné Drive et Only God Forgives .Derek Cianfrance ( deux collaborations à ce jour : Blue Valentine et The Place beyond the pines).Le giallo italien ( Dario Argento en tête.). Certains y ont vu du De Palma – pourquoi pas, il y a beaucoup de sang et d’armes blanches dans « Lost river »… Moi j’ai aussi pensé à Cronenberg, le sexe en moins. En tout cas, on sent beaucoup d’enthousiasme chez Gosling, une grande envie de montrer pleins de choses et de rendre hommage à ses idoles de cinéma.

Et par conséquent, l’histoire se trouve submergée par tout ce style visuel. Certains passages, stylés il est vrai, sont un peu trop contemplatifs à mon goût. Je ne crois pas qu’il s’agisse de complaisance, et puis le film ne dure qu’une heure et 35 minutes… Or, pour moi, on aurait pu se dispenser de certains passages et raboter quelques minutes. Et ne cherchez pas une logique dans l’histoire, on est dans un rêve de cinéma … ou dans un (bon, voire très bon) clip vidéo.
*

Le Festival de Cannes n’avait pas été tendre avec « Lost River ». Et pourtant ce film n’est pas la catastrophe annoncée. (Il faut dire qu’entre-temps, Gosling a effectué un autre montage et raccourci son film, supprimant des pans entiers pour des raisons de droits musicaux. )
Cependant, malgré ces retouches, on peut encore trouver à redire : « Lost River » n’est peut-être pas très abouti au niveau du scénario, et il est à mon avis encore un brin trop long et sous influence…

En tant que réalisateur, Gosling a du potentiel. « Lost River » porte un certain regard sur le monde. hypnotisant, ce regard … Ce premier essai ne plaira pas à tout le monde, c’est certain, de nombreux spectateurs resteront à quai. Mais les autres adoreront les références, et certaines images sont marquantes. Pour peu qu’on accepte de s’immerger, ou du moins de se laisser embarquer sur ce fleuve perdu.
« Lost River » est techniquement réussi, son point de départ est intéressant. Le tout est bien interprété, avec beaucoup d’idées visuelles ; il manque juste un ingrédient qui permettrait de dire que le film est un coup de maître. Peut-être qu’avec un scénario plus précis ?
Il ne reste plus qu’à espérer que le talent de Gosling s’affine avec le temps.

Un film de Ryan Gosling avec Christina Hendricks, Saoirse Ronan, Iain de Caestecker, Matt Smith, Reda Kateb, Barbara Steele, Eva Mendes, Matt Smith et Ben Mendelsohn

Distribution : THE JOKERS en association avec LE PACTE

SORTIE EN SALLES LE 8 AVRIL

BANDE-ANNONCE :

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