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[Avis] Attila Marcel de Sylvain Chomet

Présenté au TIFF 2013 à Toronto, « Attila Marcel » est un film de Sylvain Chomet (Les Triplettes de Belleville) dont la sortie est prévue le 30 octobre 2013.  Le dessinateur français a-t-il réussi la transition entre animation et film classique ? Réponse ci-dessous.

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AVIS SUR ATTILA MARCEL : Attila et les Uns… et les autres !

Sylvain Chomet, dessinateur émérite, avait su montrer son talent avec le merveilleux film d’animation « L’Illusionniste « et  auparavant, les fameuses « Triplettes de Belleville « .
Avec « Attila Marcel », il signe un film « live »original, une comédie dramatique à la fois réaliste et fantastique , avec quelques passages de comédie musicales. Le spectateur découvre Paul, pianiste émérite et passionné par les chouquettes, qui voyagera dans ses plus profonds souvenirs pour s’ouvrir au monde.

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Guillaume Gouix (qui incarne Paul et son père Attila) possède un visage d’enfant sur un corps viril – cf. la belle affiche du film où on a un aperçu du bonhomme. Paul, muet suite à un traumatisme dans son enfance, exprime toutes le émotions uniquement avec ses yeux bleus, très bleus, presque hypnotiques. Ce personnage  rappelle ceux de Buster Keaton ou de  Jacques Tati ( tiens,tiens : L’Illusionniste était déjà un hommage à Tati) Excellent comédien et danseur ( la scène du catch d’amour d’Attila est formidable), Guillaume Gouix incarne avec justesse ce jeune homme pianiste devenu un « automate », encadré par deux tantes rigides… On ne peut que saluer sa performance.

Attila Marcel _ Paul et ses tantes
Guillaume Gouix entouré de Bernadette Lafont (à droite) et Hélène Vincent (à gauche).

Bernadette Lafont ( dont ce fut le dernier rôle) et Hélène Vincent, sœurs quasi siamoises, forment un couple à la fois protecteur et inquiétant autour de leur neveu. Un peu comme si les jumelles de Shining avaient grandi… C’est un plaisir de réentendre la voix particulière de Bernadette Lafont ( elle chante d’ailleurs dans le film) et de voir Hélène Vincent en bourgeoise un peu coincée.
Une autre femme  à l’opposé des tantes va jouer un rôle important dans la vie de Paul : sa voisine, Madame Proust. Anne Le Ny, réalisatrice habituée à camper les seconds rôles au cinéma, campe avec excentricité et sincérité une voisine marginale qui sera salvatrice pour Paul. Le rôle a beau avoir des allures de déjà-vu, sa présence est très forte.Dans ce rôle au départ destiné à Yolande Moreau, l’actrice « vole », peut- être, un peu la vedette aux autres personnages… Qu’importe, le personnage de Mme Proust est très attachant. Le directeur de casting a réuni une belle distribution composée de gueules du cinéma (Luis Rego, Jean-Claude Dreyfus) et de nouveaux visages prometteurs. Soutenu par les acteurs, Chomet nous embarque dans son monde, une sorte de fable fantaisiste qui rappelle par moments l’univers d’un autre réalisateur, Jean-Pierre Jeunet, période Amélie Poulain ou TS Spivet (ceci est un compliment.)

L’autre  « plus » du film, en dehors d’une ambiance visuelle très particulière et un brin rétro, c’est la musique composée par le réalisateur et Frank Monbaylet. On entend un mélange de tous type de musiques , du classique au  jazz en passant par le java, le tango, la musique traditionnelle chinoise, le ukulélé et une parodie d’Edith Piaf. Les moments musicaux correspondent la plupart du temps à des souvenirs d’enfance et rappellent l’univers cartoonesque dont est issu le réalisateur. A noter que le titre du film « Attila Marcel  » est le titre d’une chanson du film, chanson déjà imaginée pour les Triplettes de Belleville… Sylvain Chomet garde vraiment son univers.

Au final, Attila Marcel, c’est un film très humain et riche , le cinéaste mélangeant les genres. Parfois sucré ( des chouquettes et des madeleines sont présentes tout au long du film, mais aussi beaucoup de moments doux), parfois amer comme la tisane de Madame Proust. Attila Marcel, comme la vie, avec ses joies et ses peines. Alors bien sûr, tout n’est pas réussi, Chomet ayant plein d’idées, le scénario a été remanié, en partie improvisé et certains gags tombent à plat  En revanche, j’ai bien ri à d’autres moments (le médecin taxidermiste, par exemple.).
Bref,  il faut accepter de rentrer dans l’univers du réalisateur. Sylvain Chomet réussit à passer avec talent de l’animation au long métrage classique. C’est une bonne surprise.

 

Bande annonce :


 ATTILA MARCEL,

Un film de Sylvain Chomet avec Guillaume Gouix,  , Anne Le Ny.

 

Synopsis :

Paul a la trentaine, il vit dans un appartement parisien avec ses tantes, deux vieilles aristocrates qui l’ont élevé depuis ses deux ans et rêvent de le voir devenir pianiste virtuose. Sa vie se résume à une routine quotidienne, entre le grand piano du salon et le cours de danse de ses tantes où il travaille en tant qu’accompagnateur. Isolé du monde extérieur, Paul a vieilli sans jamais avoir vécu… Jusqu’au jour où il rencontre Madame Proust, sa voisine du quatrième étage. Cette femme excentrique possède la recette d’une tisane aux herbes capable, grâce à la musique, de faire ressurgir les souvenirs les plus profondément enfouis. Avec elle, Paul va découvrir son histoire et trouver la clé pour vivre enfin sa vie…

(in DP)

Retour sur la projection du 24 octobre :

Les blogueurs présents à Paris ont pu rencontrer Sylvain Chomet et la productrice du film.

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Il faut signaler que cette rencontre était assez exceptionnelle, le réalisateur et la productrice Claudie Ossard ont vraiment joué le jeu. Sylvain Chomet n’a éludé aucune question. Nous avons appris qu’il aimait  jouer du ukulélé,car c’est un instrument « joyeux » : cette seule révélation de la part d’un grand gaillard au regard tendre suffit à le rendre sympathique!
Parmi les temps forts de la soirée, on retiendra l’appel surprise de Guillaume Gouix. Et une belle attention : chaque spectateur est reparti avec un sac de « very good goodies » :  à manger, à boire.
Merci aux gentils organisateurs de Pathé pour les madeleines de Madame Proust  (et la tisane) : elle étaient délicieuses … Le sac contenait aussi une affiche vintage du père de Paul (« Attila Marcel ») La bonne nouvelle, c’est qu’on peut retrouver cet univers dans une application incluant un making of, des interviews, une quarantaine de photos inédites et jeu vidéo concocté à partir du film . La démonstration de l’application du film a d’ailleurs été improvisée par Mme Ossard.

Mais plutôt que des mots, voici une petite vidéo de l’application conçue par Sideburnn.

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