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[Critique] 11.6, l’histoire extraordinaire de Toni Musulin de Philippe Godeau avec François Cluzet

Flashback : nous sommes en 2009, c’est la crise, et en France, on ne parle que d’un certain Toni Musulin. Musulin, c’est un convoyeur de fonds lyonnais qui réussit à voler 11,6 millions d’euros seul et sans violence. Toni Musulin se rendra à la police et finira incarcéré non pas pour son vol, mais pour … escroquerie à l’assurance  !  Un fait divers surmédiatisé ne pouvait qu’intéresser le cinéma… Voici donc l’adaptation du livre signé par Alice Géraud- Arfi  : « Toni 11,6, Histoire du convoyeur ». Alors cette histoire de casse du siècle en France, ça passe ou ça casse ?

 

11 6

CRITIQUE

ça passe…

11.6 est un film social, pas un film de braquage.
En premier lieu, il convient de signaler que ce n’est pas un film de braquage à proprement parler. Tout comme The place beyond the pines ou les Inconnus dans la ville, le casse n’est qu’un prétexte pour l’analyse de notre société, et pour dresser le portrait d’un homme ordinaire qui va commettre un acte extraordinaire. Musulin, Robin des bois moderne et mutique qui décidera de se rendre à la police … Mais dans ce cas, on aurait aimé que le réalisateur porte un réel point de vue sur Toni Musulin…

L’idée de prendre François Cluzet est peut-être la plus grande audace et réussite du film. En effet, ce grand acteur arrive à nous faire croire qu’il est âgé de seulement 40 ans, pratique le krav maga et fait du convoyage de fonds depuis dix ans. Au début je n’y croyais pas, et puis ensuite le charme cluzetien a fait son effet… François Cluzet est à la fois sympathique, désagréable, hermétique, charismatique (je vous recommande de voir son interview plus bas).
Bref, on ne peut qu’admirer sa performance et on ne voit que lui – ou presque : Corinne Masiero (révélée par Louise Wimmer, appréciée dans De Rouille et d’Os) et Bouli  Lanners (De Rouille et d’os, Louise Michel) assurent vraiment dans leur rôles de petite amie délaissée et meilleur ami fidèle mais un peu simplet. Leur interprétation sauve le film d’un ennui abyssal.

… ça casse  !

Adapter un fait divers à l’écran est un exercice délicat,tout comme le biopic on peut être extrêmement déçus… et pourtant de nombreux réalisateurs s’y sont risqués. Philippe Godeau semble avoir fait le choix d’être appliqué et de rester objectif, ce qui est relativement dommage.

Quand Possession(s) d’Éric Guirado – s’inspirant largement de l’affaire Flactif- nous livre un portrait saisissant et bien filmé d’un homme simple qui, à force de frustrations et d’envie, en vient à tuer une famille entière,  11.6  semble transposer à la lettre le roman et les informations distillées par les médias.
Pourtant, certaines parties sont en partie fictives dans 11.6, comme les relations de Toni Musulin avec sa compagne (Corinne Masiero, fidèle à elle-même) et son meilleur ami (Bouli  Lanners, toujours excellent.)

Quand, dans À l’origine, Xavier Giannoli nous racontait l’affaire Philippe Berre, cet escroc (encore François Cluzet  !) qui avait mobilisé toute une communauté pour construire un bout d’autoroute, on applaudissait des deux mains, émus par cette histoire incroyable mais vraie. Dans 11.6, lorsque le générique de fin commence, on n’en sait guère plus qu’au début  sur la personnalité de Musulin,  et l’émotion n’est pas là.

Une histoire extraordinaire pour un film assez ordinaire

11.6 n’est pas un échec total, il n’est juste pas passionnant. Le temps m’a paru long, l’esthétique du film assez classique, la réalisation lisse. Parfois, la musique et les escapades en Ferrari ou à la montagne nous font un peu voyager, et nous empêche de nous endormir. Dommage. Au final, je n’ai pas grand-chose à vous dire sur 11.6, rien de mémorable à signaler… Je le regrette sincèrement car j’aurais aimé ce « polar social ».

François Cluzet est Toni Musulin

  • En savoir plus sur 11.6

11.6

Sortie : 3 avril 2013
Réalisateur : Philippe Godeau
Avec : François Cluzet, Bouli Lanners, Corinne Masiero
Genre : drame
Durée : 01h42min

Synopsis 
Toni Musulin est convoyeur de fonds depuis dix ans. Le 5 novembre 2009, à 10 heures du matin, il appuie doucement sur l’accélérateur de son fourgon blindé. À l’arrière de son véhicule, 11,6 millions d’euros…

Interview de François Cluzet avec des morceaux de bande annonce dedans :

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