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[Critique] Pieta de Kim Ki-Duk

Optons pour un ton léger voire badin pour commencer cette chronique sur Pieta, Lion d’Or au dernier festival de Venise.
(Cher lecteur, tu apprécieras certainement ce geste de ma part lorsque tu liras la suite.)

J’ai vu ce film à Deauville Asia par un beau dimanche de mars, après avoir discuté avec une amie blogueuse qui m’avait prévenue -sans rien me dévoiler de sa vision la veille, le film ayant été diffusé lors de la cérémonie de clôture du festival.  Une foule d’admirateurs de Kim Ki-Duk s’était massée dans la salle du Casino… Et là, le supplice a commencé. Pendant que les festivaliers se promenaient sur les planches, nous, les spectateurs, endurions un véritable calvaire. Car Pieta est un film sombre, sans concession et désespérant dans tous les sens du terme. Il représente tout ce que je n’aime pas dans le cinéma.
Et, après plusieurs semaines de réflexion, je ne comprends toujours pas comment il a remporté le Lion d’or à Venise.

Oui, cet article pourrait s’appeler « Pas de pitié pour Pieta ! » et je vous dis pourquoi dans les lignes qui suivent.

CRITIQUE

La passion selon Kim Ki-Duk.

Si j’utilise le champ lexical de la religion, c’est que Kim Ki-Duk parsème son film de nombreuses allusions religieuses. Le titre d’abord et l’affiche sont des références directes  à la chrétienté: « La Pietà est une statue en marbre de Michel-Ange de la Basilique Saint-Pierre du Vatican à Rome, représentant le thème biblique de la « Vierge Marie douloureuse »  » (Source : Wikipedia )
Pour l’avoir vu, je vous confirme que c’est un chef d’oeuvre de réalisme et de finesse (on voit presque les veines jaillir sur la peau). Sur l’affiche de Pieta, la « mère » tient son « fils » mort dans la même pose  que la Pieta originale – et les mêmes habits. Ensuite, le film tourne autour de l’idée d’expiation et de rédemption, de mort, de souffrances, de sacrifices. Pour le pardon, c’est moins clair ! Il faut savoir que Kim Ki-Duk est protestant ; la Corée compte de nombreux fidèles catholiques et protestants. Il n’est pas si étonnant qu’il ait recours à une imagerie religieuse…

(Not) Perfect mother.

Au-delà de cet aspect religieux, le film parle d’un thème universel : l’amour filial et maternel. Une mère retrouve son enfant, et des liens se tissent entre eux. Le cinéaste montre des rapports familiaux/filiaux pour le moins étranges, et une attitude suspecte de la mère  – on saura pourquoi à la fin. On fait de nombreuses suppositions et on se pose beaucoup de questions pendant  le film. Pourquoi la mère se comporte-t-elle ainsi ? Pourquoi accepte-t-elle tout cela ? L’amour maternel est-il plus fort que tout ? Finalement, qui a besoin de qui ? Chapeau bas à l’actrice qui donne de sa personne :  d’abord inexpressive, puis souriante, puis en pleurs, geignante, puis aussi effrayante qu’Anthony Perkins dans Psychose. Quant au fils, lui aussi semble porter un masque; l’acteur oscille entre violence désabusée et expressions enfantines.

Pieta, le choc des images (ou pas).

Le film est très sombre et à ceux qui me répondront que c’est « comme dans la vie », je répondrai que ce n’est pas la vie de Monsieur ou Madame Tout le Monde que décrit le réalisateur !  Je ne comprends pas comment ce film a obtenu le Lion d’or, car, au -delà de son sujet, j’ai trouvé que Pieta n’était pas très bien filmé, caméra heurtée lors d’une scène de violence sexuelle, plans sur un quartier en ruines… Tout est glauque et finalement aucun plan ne ressortA part deux ou trois scènes choquantes (violence appuyée ou  pleurs ininterrompus pendant de longues, longues minutes…). Je précise que des spectateurs ont quitté la salle à certains passages chocs : mutilations (suggérées), violences sexuelles ou physiques. Mais c’est surtout l’atmosphère qui dérange : frustrations, désespoir, pauvreté… Aucune lumière au bout du tunnel ! Enfin le film semble long par moments (On voit la mère tricoter, cuisiner…). J’avoue que je soufflais beaucoup pendant le film (pardon, je ne le fais jamais d’habitude ) : c’était ma réaction quand  je trouvais que le film allait trop loin, mais je ne suis pas partie. Il y a eu des applaudissements (très peu nombreux) : qu’ont-ils applaudi ? La manipulation du réalisateur qui nous impose des scènes choquantes pour choquer ? Ont-ils compris un message, vu quelque chose, qui m’aurait échappé ? J’avais pourtant bien aimé Locataires, et Printemps, été, automne... Si on veut une ambiance malsaine et/ou dépressive ( et c’est un peu une tendance en ce moment), on peut trouver d’autres réalisateurs qui feront l’affaire…
Le seul intérêt du film est de nous montrer une Corée pauvre, désespérée, prête à se mutiler contre un peu d’argent
. Le réalisateur veut certainement dénoncer le système capitaliste et le culte de l’argent, l’endettement… Reconnaissons aussi qu’une tension presque hitchcockienne règne dans le film.

A mes yeux, Pietà est un film dur, pervers et manipulateur, sans espoir… Qui cherche à choquer pour choquer. Le film devrait susciter une belle controverse à sa sortie dans les salles françaises. Pour conclure, vous l’aurez mais vous l’aurez deviné, ce n’est pas un film pour les enfants (et il est à déconseiller pour les personnes sensibles ou déprimées).

Synopsis

Abandonné à sa naissance, Kang-do est un homme seul qui n’a ni famille, ni ami. Recouvreur de dettes sans pitié et sans compassion, il menace ou mutile les personnes endettées dans un quartier destiné à être rasé. Un jour, Kang-do reçoit la visite d’une femme qu’il ne connaît pas et qui lui dit être sa mère. Pour la première fois de sa vie, le doute s’installe en lui…

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