Durant les années 50-60, âge d’or du cinéma de Bollywood, un acteur et réalisateur se distingue : il s’agit de Guru Dutt.

Guru Dutt, de son vrai nom Vasanth Kumar Shivsankar Padukone, est le spécialiste des mélodrames indiens. Il connut lui-même une fin tragique à la manière des personnages qu’il incarnait…

Vous pourrez retrouver deux de ses oeuvre majeures dans un coffret édité par Carlotta : L’ASSOIFFÉ (1957) et LE MAÎTRE, LA MAÎTRESSE ET L’ESCLAVE (1962).

Attention : Fleurs de papier (1959) qui devait figurer dans le coffret de Carlotta, n’a pas pu être édité…
Ce n’est certainement que partie remise, et les deux films restants se suffisent à eux-mêmes : ils nous montrent le talent de Guru Dutt , ses multiples facettes, et révèlent la beauté d’actrices telles que Waheeda Rehman ou Meena Kumari.

Les compléments de Carlotta sont comme d’habitude extrêmement intéressants notamment les préfaces signées Charles Tesson (spécialiste du cinéma asiatique, je l’avais interrogé au sujet du cinéma du Sous Continent en 2009 lors du  Festival « Paysages de cinéastes » de Châtenay- Malabry)

Le film de Nasreen Munni Kabir, biographe de Guru Dutt, permet de mieux appréhender l’oeuvre tout en présentant l’homme.

PRÉSENTATION DU COFFRET

LES FILMS

L’ASSOIFFÉ

(PYAASA)

Un film de Guru DUTT | Drame | Inde | 1957 | 139mn | N&B

Réalisation : Guru DUTT
Scénario : Abrar ALVI
Avec : Mala SINHA, Guru DUTT, Waheeda REHMAN, Johnny WALKER, Kum Kum LEELA MISRA
Chansons & Poèmes : Sahir LUDHIANVI

Synopsis

Poète idéaliste et malheureux, Vijay ne parvient pas à se faire publier. Il doit subir le mépris de ses frères qui ont vendu son cahier à poésies pour une demi-roupie. Une nuit, il rencontre Gulab, une prostituée au cœur d’or qui admire ses textes et le soutient…

Mon avis :

Dans ce film, il y a tout : de l’amour, une réflexion sur l’art, sur la vie, sur la différences de classes,  l’hypocrisie, la difficulté de vivre dans ce monde… Le personnage du masseur  et les parties musicales du film apporte quelques touches d’humour bienvenues (le film dure plus de deux heures).La musique et les chorégraphies sont bien entendu très soignées.
En plus d’être touchée par le triangle amoureux, j’ai été très émue par le sort de Vijay, ses difficultés et sa décision de se retirer du monde. Quant au style du réalisateur, il était novateur pour l’époque et reste très élégant de nos jours, je ne l’ai pas trouvé  » daté » comme je le craignais. En résumé, c’est son chef d’oeuvre et un chef d’oeuvre tout court.

Waheeda Rehman dans Pyaasa (crédits photo : Wikipedia)

***

LE MAÎTRE, LA MAÎTRESSE ET L’ESCLAVE

(SAHIB BIBI AUR GHULAM)

Un film de Abrar ALVI | Drame | Inde | 1962 | 144mn | N&B

Réalisation : Abrar ALVI
Scénario : Abrar ALVI
Avec : Waheeda REHMAN, Guru DUTT, Meena KUMARI, REHMAN, Nazir Husein DHUMAL, Sapru Haren CHATOPADHYAY

Synopsis

Un vieil architecte parcourt les ruines d’un palais et se souvient de ce lieu tel qu’il l’a connu, à la fin du XIXe siècle. Le palais est alors agité par les vies scandaleuses de deux maîtres décadents. Tout juste arrivé de son village, le jeune et candide Bhootnath est engagé par un producteur de vermillon dont la fille, Jaba, le prend sous sa coupe…

Mon avis :

Il convient de noter que ce film n’a pas été écrit ou réalisé par Guru Dutt. Cependant, Guru Dutt a choisi de tourner et produire l’oeuvre de son ancien scénariste pour « Pyaasa », Abrar Alvi. Il aurait apparemment fortement influencé le travail de réalisation de ce dernier.

Comme le note Charles Tesson,  le jeu de Guru Dutt est étrange, surtout au début lorsqu’il incarne un jeune villageois naïf. Puis le personnage monte en puissance, tout comme l’intrigue.A travers le portrait de deux femmes, le réalisateur Abrar Alvi oppose deux mondes. L’Inde en déclin, celle des zamindars, avec le personnage de Meena Kumari la maîtresse du palais et la nouvelle Inde représentée par Waheeda Rehman.

Certains plans, notamment les danses, relèvent du génie :  champs /contrechamps :  des hommes spectateurs immobiles et muets s’opposent danseuses aux mouvements et paroles provocants. Une autre scène vaut le détour, lorsque le passé et le présent se mêlent visuellement par le biais d’un bracelet…

Au départ, j’aimais moins ce film que « Pyaas », mais les malheurs des personnages, et notamment celui  de la maîtresse déprimée, délaissée par son mari et en mal d’enfant, hindoue devenue alcoolique, m’a réellement touchée.

•  Pour en savoir plus, cliquez sur le lien suivant :

 COFFRET GURU DUTT – UNE LÉGENDE DE BOLLYWOOD – Carlotta Films.

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